Cette période sombre de pandémie qui voit la restriction de nos libertés et l’incapacité de prévoir demain peut sembler peu propice à parler de reconnaissance. La santé de ceux que j’aime sera-t-elle épargnée, quand pourrons-nous à nouveau nous serrer dans les bras et passer du temps ensemble ? Et si, contre toute attente, le pouvoir de la reconnaissance pouvait nous apporter du réconfort et une perspective renouvelée ?
La reconnaissance, pilier du bonheur
Il peut sembler naturel d’être reconnaissant lorsqu’on est heureux. Pourtant, comme il en est de l’œuf et de la poule, il vaut la peine de se demander : qui vient en premier du BONHEUR ou de la RECONNAISSANCE ? Dans nos vies confortables où les besoins de base sont généralement satisfaits (nous avons un toit, de la nourriture et des vêtements chauds), nous en venons facilement à prendre ces bienfaits comme des acquis et à mettre l’accent sur ce qui nous manque. Et en ce moment, c’est particulièrement facile de faire la liste de ce qui ne va pas : plus de sorties, de sport, une atmosphère anxiogène et l’incapacité de dire si la situation sera meilleure dans un mois, dans 6 mois ? Et pourrons-nous fêter Noël ? Dans quelles conditions ? Qu’aurons-nous le droit de faire et que sera-t-il sage de faire ou pas ?
Au premier confinement, j’étais remplie de reconnaissance de ne pas m’affoler comme certains dans les rayons des supermarchés et dans les interminables files des Drive. J’ai toujours eu quelques réserves d’avance, je sais faire mon pain, des yaourts. J’habite à la campagne et les enfants pouvaient sortir tous les jours dans le jardin ou faire du vélo devant la maison. Bref, j’avais choisi de faire preuve de gratitude pour tout ce que l’on avait et pour cette occasion offerte de resserrer nos liens, même si ce n’était pas simple (les joies de l’école à la maison). Je savais qu’ailleurs sur la planète, pour de nombreuses personnes, ne pas pouvoir sortir de chez soi signifie ne pas travailler et donc, ne pas manger. J’avais fait le focus sur le positif, mis le frein sur les informations, et toute la famille a traversé cette période de façon assez équilibrée. Pour ce deuxième épisode de confinement, bien que différent, je n’ai pas eu la même attitude et très vite, un poids s’est fait sentir. Il y avait aussi plus de tensions entre les enfants. Certes, les circonstances devaient jouer un rôle, suppression du sport, des sorties limitées, le masque à l’école. Je crois cependant qu’en ne me focalisant plus sur le positif, en n’ayant plus cette attitude de reconnaissance, je me suis privée de cette lumière précieuse pendant un temps. Par conséquent, j’en ai également privé mes enfants. Heureusement, j’en ai pris conscience, j’ai pu me rappeler le pouvoir de la reconnaissance et inverser la vapeur !
Le pouvoir de la reconnaissance et neurosciences
Savez-vous qu’il est désormais prouvé que la reconnaissance mène au bonheur ? Plusieurs études de neurosciences ont prouvé que la reconnaissance est un des piliers du bonheur car elle active les neurotransmetteurs qui produisent de la dopamine (le fameuse « hormone du plaisir ») et de la sérotonine (l’ « hormone du bonheur »). Lorsqu’on parle du « pouvoir de la reconnaissance », ce ne sont pas des mots en l’air, c’est scientifique ! Je crois que des personnes vivant dans un pays pauvre ont plus naturellement une attitude de gratitude lorsque leurs besoins fondamentaux sont satisfaits, quand ils ont de quoi nourrir ou soigner leurs enfants car, pour elles, ce n’est pas garanti. Ils ont tendance à voir les bonnes choses comme des « grâces » car elles ne sont pas automatiques, pas dues, comme il peut nous arriver de le penser. Pour nous, nos besoins de base étant généralement satisfaits, nous avons besoin de toujours plus pour recevoir notre dose quotidienne de dopamine. D’où une quête générale du plaisir, et de la surstimulation : une quête vaine puisqu’elle ne s’arrête jamais.
Pour inverser la vapeur, il nous faut apprendre ou réapprendre à voir le soleil au travers des nuages, même s’il y a en a un certain nombre en cette période d’incertitudes et d’anxiété. Dans, Noah et le trésor de l’arc-en-ciel, publié en 2018, un chapitre est consacré à la reconnaissance comme clé du bonheur. En voici un extrait :
« Lorsque l’on est reconnaissant, on est en quelque sorte branché sur la fréquence des ondes positives. On est plus ouvert aux autres, plus ouvert à ce que la Vie a à offrir, et ils nous le rendent bien. Avec de l’entraînement, on arrive à discerner le meilleur partout et chez chacun. On constitue ainsi des batteries de lumière qui permettent de traverser les tempêtes et les pannes de courant.
— Mais elles ne s’épuisent jamais ? demanda Noah.
— Lorsque l’on est reconnaissant, mon p’tit mousse, on est capable de déceler les lumières les plus infimes et d’y puiser des forces en attendant le retour du soleil. “
Le pouvoir de la reconnaissance : exercices pratiques à tester en famille
- Notre aptitude à la reconnaissance et au bonheur n’est pas innée, elle se développe, comme un muscle. Et ce qui est formidable, c’est que plus on prend l’habitude de « reconnaître » toutes les choses heureuses de notre vie, plus on parvient à les déceler, et plus on se sent bien. Cela devient une attitude naturelle, qui nous ensoleille et qui rayonne autour de nous. Seul ou en famille, quelques idées (testées en famille) pour faire de la reconnaissance un mode de vie :
- Chaque soir au moment du repas énoncer chacun une chose de la journée pour laquelle on est reconnaissant.
- Au moment du coucher, au moment du câlin du soir, demander à notre enfant ou chacun de nos enfants 3 choses pour lesquelles il(s) est/sont reconnaissant(s).
- Nous pouvons faire le même exercice personnellement, dans notre esprit ou mieux, en le notant dans un carnet qui nous sert de « Journal de gratitude »
- Lorsqu’un enfant râle lui demander deux choses pour lesquelles il est reconnaissant (pour un ado taciturne, lui demander une liste écrite de 10 choses).
- Une fois par semaine, le dimanche soir chez nous, faire un moment de « CELEBRATION », autour d’un verre de jus et des friandises pour marquer le coup, et faire un tour de table ou chacun énonce une chose, petite ou grande, pour laquelle il est reconnaissant. On peut faire plusieurs tours de table si les idées sont nombreuses. Chez nous, les enfants aiment ce moment qui se veut très joyeux.
Les occasions de gratitude sont infinies, elles peuvent être ciblées ou générales : un moment joyeux, un service qu’on nous a rendu ou que l’on a rendu, un moment partagé privilégié, un bon repas, une bonne note, une famille aimante, un ami sur lequel on peut compter, la paix, un compliment reçu… Même certaines choses tristes peuvent être abordée sous l’angle de la reconnaissance (on est heureux d’avoir connu untel, même s’il est parti, d’avoir eu un privilège, même si c’est terminé). Apprendre à regarder la vie avec les lunettes de la reconnaissance et enseigner à nos enfants à faire de même est une force précieuse. Nous apprendrons ainsi à développer la RESILIENCE, très utile pour traverser les hauts et les bas de la vie. Nos ancêtres ont dû apprendre tout cela par des expériences dures comme la guerre. Nous pouvons voir cette période comme une occasion unique de développer nos muscles de reconnaissance, de patience, de résilience.
Le pouvoir de la reconnaissance fait effet boule de neige ! Alors pour rendre vos vies plus lumineuses, ne vous en privez pas ! Lancez-vous le défi d’essayer le pouvoir de la reconnaissance par une ou plusieurs des idées ci-dessus, et donnez m’en des nouvelles !